Spectacle, démocratie et sport 2.0

Aujourd'hui sur le Tour de France les oreillettes étaient désactivées, pour retrouver un peu les conditions de courses d'il y a quelques années quand elles n'existaient pas encore. On aurait donc pu imaginer une réorganisation des coureurs, une re-socialisation, la gestion de l'interdépendance en direct entre coéquipiers. Avec un peu d'utopie on aurait même pu imaginer des négociations entre équipes. Il n'en a pas été ainsi et les instructions de la part du management sportif de chaque équipe ont du être toutes autres.
On peut constater que si on coupe la liaison directe entre le management et les opérationnels sportifs, qui représentent soit-disant un exemple d'investissement personnel, de la performance..., la consigne est à la frilosité. On se retrouve avec un fonctionnement féodal (néo-capitliste) habituel du "wait and see" dans lequel le "wait" l'emporte toujours sur le "see" et dans lequel l'innovation et la prise de risque sont les premières à ne plus recevoir aucun investissement. Cela s'explique dans la difficile mesure des négociations possibles entre sportifs, dans la richesse stratégique intrinsèque de la discipline, et par un certain manque de confiance dans la fluidité sociale: le manager est seul à avoir le droit de prendre des initiatives, et encore c'est mieux si celles-ci sont toujours procédurières (comme on a pu le voir dans quelques étapes précédentes déjà lourdes de l'inexistance de stratégie et de tactiques répétitives). En fait dans le sport aussi c'est d'abord le travail qui doit être déconstruit, surtout lorsque des contraintes financières prennent le pas sur la constitution d'un projet. On parlera alors  de projet industriel pour dire qu'une productivité sans objet est un objectif, pour éviter d'accepter qu'une société industrielle se transforme nécessairement en société de consommation puis en société du spectacle, que le produit n'a de sens que dans sa consommation durable (et non sa production) et donc, dans un souci écologique, dans un usage le plus sémiotique possible.
La rhétorique de la performance, le spectacle comme aboutissement de l'investissement individuel sont donc des mensonges au service de l'aniénation du travail. Dès que les moyens d'aliénation sont contraints, dès que l'émancipation du travailleur pointe son nez, même seulement en théorie, comme dans cette étape du Tour de France, le spectacle est fusillé, l'objectif de performance est abandonné. Il y aurait eu plus à perdre à faire la course, à laisser les cyclistes faire le spectacle entre eux et peut-être même gagner de la visibilité médiatique pour leurs sponsors, qu'à être ridicule en escamotant l'épreuve sportive mais en sauvegardant les rapports de force professionnels à l'intérieur des équipes.
L'oreillette n'est pas la condition unique à l'établissement de ces rapports de force, mais elle les structure, elle rend matérielle la dépendance hiérarchique et coupe l'individu de son milieu écologique naturel en niant les différents rapports d'interdépendance. La révolution technologique ce n'est évidemment pas cette communication centralisée comme on essaye de nous la vendre mais des moyens de communication transverse entre coureurs, il serait temps de créer l'oreillette 2.0.

Management sportif

Depuis quelques temps j'ai décidé de freiner un peu, entre autres au niveau de mes différents blogs, et de changer un peu de manière de m'inscrire dans la société. Je souffre quelque peu d'une certaine perte de cohérence métaphysique momentanée mais peu importe, j'y gagne aussi en santé mentale après tout (je ne suis pas un immortel). Il faudrait notamment que je mette à jour mon blog de procrastination puisque une petite cinquantaine de mini articles attendent depuis parfois plusieurs années.
Bref. Il y a quelques années, lorsque j'étais apprenti-blogger, en pleine ère du web 1.0, c'est à dire avant même que le blog n'existe, j'avais écrit un petit article (pas une page perso, c'était plus conceptuel que ça) sur  une mise en oeuvre réaliste et décomplexée du management sportif dans un cadre professionnel. Depuis quelques mois je repense à cet article, inspiré par une certaine actualité autour de travail "volontaire" le dimanche. Le fait que le patron de mon entreprise y ait justement fait référence ce soir tandis que ce midi même une émission sur France-Culture était consacrée au travail du dimanche est une coïncidence des plus cocaces.

Dans ma courte vie, au regard de l'humanité au moins, il m'est arrivé d'être un petit sportif du dimanche et même plusieurs autres jours d'une même semaine. En ces temps-là j'étais beau, intelligent... jeune. Je n'ai donc pas forcément grand chose à reprocher au sport. Aujourd'hui ce thème est à la mode et est une sorte d'exemple, en fait un fantasme, de l'engagement individuel dans l'action collective, quand bien même le sport serait individuel ou collectif (il s'agit toujours d'une articulation, l'homme ne pouvant atteindre la complétude). Ai-je publié un jour cet article promis, comportant de  trop nombreuses pages, sur les JO de Pékin, avec telle ou telle identité ? Je ne crois pas. Après ce premier article ou je me demandais s'il fallait ou non regarder les JO de Pékin, j'en ai pourtant bel et bien écrit un second plus touffu, mais aujourd'hui encore secret, sur la performance et le haut-niveau, le bouleversement qu'introduit la nouvelle excellence industrielle chinoise dans la construction du spectacle occidental, sur Mozart comme figure du génie, les Ménines comme multitude d'objets uniques de représentation multiple de discours pliés sur eux-même et interprétables indépendamment les uns des autres... et la Chine si excellente dans la représentation qu'elle s'investit déjà dans une société post-industrialisée, à l'image de ses plongeuses aux performances si ahurissantes que l'idée de classement final ne fait plus partie du suspens (un peu comme cette finale de Wimbledon à partir du 20è jeu du cinquième set entre Roddick et Federer, lorsque l'orgasme ne se termine plus et que la finalité première du match, définir un vaincqueur, n'a plus aucun intérêt).

Tandis que nous commençons à prendre conscience que tout l'intérêt de la télé-réalité est dans le miroir tendu au travail avec les trop rares procès qui lui sont intentés, le sport continue de dérouler le thème volontariste entre le guignolesque Husain Bolt un peu pathétique et le nourreïevien Rodger Federer trop élitiste. Evidemment au cinéma les films de super-héros s'enchaînent à un rythme soutenu et de plus en plus novateurs pour continuer de nous diriger vers la tragédie grecque mais le sport, parce que couvert encore principalement par des journalistes qui veulent accompagner le 20è siècle dans sa tombe, n'en est pas encore au mythe polythéiste.

Le sport c'est un très beau spectacle et il est évident que c'est  par ailleurs une école de vie des plus intéressantes. Mais il est vrai aussi que suivre les péripéties de Ribéry entre Munich et Madrid n'évoque pas l'ancien monde des gentlemen lorsque le sport était une pratique plus ou moins réservée à des nobles. Parler de démocratisation serait une erreur car la noblesse, qui certes se redéfinit, n'est pas encore morte. Il est possible ainsi qu'il ne s'agisse encore que d'un autre déplacement, que d'une représentation dont l'industrie est coutumière. Mais le sport-spectacle vu comme summum de l'engagement collectif est un passage obligé vers son aufhebung que seuls quelques héros tragiques ont bel et bien atteint dans nos temps contemporains (ils sont reconnaissables, mais les nommer ici serait déplacé, mon discours ne s'inscrit pas dans un récit et d'ailleurs cela me fait penser que j'ai un récit tout prêt à être publié ici même), comme l'industrie est un pont vers l'homme (c'est à dire qu'en tant que post-nietzschéen je considère le surhomme, et dont l'homme serait le pont, comme un fantasme dépassé). Le spectacle, outil d'aliénation par certains aspects, est surtout moteur d'émancipation lorsque la crise qui est son fondement premier s'installe trop longtemps. Le changement de civilisation est inévitable et il faut le prendre comme une chance plutôt que de s'inscrire dans des combats d'arrière-garde qui finissent de justifier un diagnostic pourtant erroné.

On peut se souvenir des déclarations médiatiques un peu perturbantes d'Emmanuel Petit lorsque celui-ci sévissait encore à Arsenal. Bien entendu il a été moqué puisque la justesse de ses propos ne pouvaient appeler qu'à une interrogation plus vaste que toute réponse organisationnelle. Lorsque aujourd'hui l'usager qui nait milite pour l'ouverture des supermarchés le dimanche il est repoussé par les institutions et les entreprises dans une position de client, tout comme il l'est lorsque les salariés concernés crient au scandale. Le travail le dimanche n'est pas une hérésie (et je prône d'ailleurs l'instauration d'une semaine tournante de 8 jours) mais une véritable révolution du travail, et ce de toutes les institutions étatiques jusqu'à la mise à mort de la térritorialisation de la Nation. Un peu plus et, comme le sport, il s'agit d'une émancipation, d'une gestion écologique des interdépendances qui articulent un individu à un collectif, une saine multilatérale questionnant la performance, la compétence mais aussi la simple utilité quotidienne et donc un progrès non plus matériel mais de notre espèce elle-même (il s'agit donc ici d'un article que je pourrais aussi classer dans la catégorie Particeps d'inBlog...). C'est à dire que si les luttes sociales sont sans doutes utiles pour réagir au genre de bêtises véhiculées en ce moment, y répondre par des inepties de même teneur est sans doute contre-productif. Et finalement la meilleur réponse est peut-être encore de foncer droit dans le mur et plusieurs fois de suite jusqu'à ce que tous les morceaux de l'ancien monde se soient étalés en une belle fresque rouge, artistique. Le sport, et ma foi regardons de près celui qui se joue aujourd'hui et qui n'est déjà plus celui d'il y a ne serait-ce que 8 ans, ne peut aboutir qu'à l'inverse des objectifs sociétaux qui lui sont fixés.

Trop d'argent au foot ?

On parle souvent d'argent au football, comme d'un facteur de dévalorisation de sa dimension sportive. Tous les ans, et même deux fois par ans, nous entendons les sommes folles qui circulent entre les clubs pour s'attacher les services de tel ou tel joueur.
A côté des transferts on entend parler aussi des salaires qui explosent. La question étant de savoir ou se retrouverait tout cet argent si les joueurs étaient moins payés. Ici on peut se dire que les négociations salariales se retrouvent invitées dans les négociations entre les actionnaires et les dirigeants, ce qui est en fait anormalement inhabituel (mais qu'on pourrait peut-être normaliser en considérant le salariat comme un capital ?).
Pour que le sport ne soit pas dénaturé de nombreuses voix s'élèvent pour nationaliser les championnats par exemple (idée contre laquelle je milite car les compétitions internationales sont intéressantes justement parce qu'elles permettent une dialectique sportive avec la logique de club, on peut remarquer que les jeux proposés ne sont pas identiques pour de nombreuses raisons). Mais il existe un moyen beaucoup plus simple, qui ne met pas en péril la liberté des personnes, qui valorise même le travail: le CDI, le contrat de travail à durée indéterminée.
En limitant le nombre de joueurs en CDD à 1 ou 2 simultanément sur la pelouse par exemple la fédération internationale obligerait les clubs à une politique moins court-termiste, ce serait bon pour l'économie, bon pour les sportifs, bon pour les spectateurs (qui arrêteraient de se coltiner des équipes qui ne savent pas jouer sous prétexte de "pragmatisme",  cache-sexe moderne d'une "absence de stratégie").
Pour favoriser la formation initiale il faudrait mesurer l'argent investi dans celle-ci et en déduire (par un calcul qui serait à définir) la somme que le joueur devrait reverser au club formateur s'il part avant une certaine date libératoire. Ca existe déjà dans de nombreuses entreprises et ça ne fonctionne pas si mal.
Je pense qu'en responsabilisant les clubs, qui ne sont que des employeurs (il faudrait vérifier dans les contrats qu'aucune clause ne transforme un CDI en CDD en intégrant des critères sportifs incompatibles avec une carrière post-sportive ou des clauses de non-concurrence de toute façon abusives en général), on devrait se retrouver avec une économie un peu plus normalisée.

Combinaisons de natation: une solution simple

On reparle encore d'un "scandale", de tricherie voire de dopage en natation autour des avancées technologiques sur les combinaisons des nageurs.
Une solution me semble facile à mettre en place sans empêcher l'innovation: obliger la publication de tous les documents de conception et de tous les procédés de fabrication de chaque combinaison portée et interdire tout brevet.

De la France à la Lituanie, et retour

Un petit point sur l'équipe de France de football, en plein milieu du match et donc en plein suspens.
Henry: Plutôt pas mauvais en avant-centre, on retrouve le Henry de la coupe du monde de 2006, qui travaille dans l'ombre, qui fait vivre l'attaque de manière très collective. Certes il ne marque pas beaucoup de cette manière, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande (et non ! même si c'est révolutionnaire de tenir ce genre de position).
Ribéry: Ribéry à gauche ne démontre rien, ou disons qu'il démontre un peu moins qu'à droite. Lorsqu'il est à droite et Henry à gauche ça fonctionne mieux... donc j'espère qu'il ne sera pas rappelé à jouer à gauche quand bien même le monde entier, tout en trouvant qu'il est décevant, veut qu'il joue à gauche (les journalistes sont masochistes).
Luyindula: Ce choix surprenant a été plutôt bon. On critique Domenech de ne pas être constant en faisant toujours quelques surprises, moi j'appelle cela de la constance justement. Peut-être y a-t-il mieux que lui (Ribéry) mais il n'y a pas tant de monde comme ça pour jouer à droite en ce moment. Une bonne idée, un bon test (à revoir, ou non).
Gourcuff: Toujours la classe, très important dans le jeu quand bien même il serait moins éclatant que Ribéry dans le style. Un joueur de plus en plus important qui sera amené petit à petit à prendre des responsabilités avec du sang-froid et une grande culture du football, peut-être un futur capitaine (plus intéressant dans ce rôle que Ribéry qui n'a pas besoin d'un grade pour dynamiser le groupe).
Diarra: Le grand Diarra est un peu lourd et n'impose pas son physique impressionnant aussi haut que Vieira. Dommage que Diaby, qui joue plus haut, se soit blessé. Techniquement il n'est pas non plus dans le très haut niveau, mais il joue proprement, très sérieusement.
Toulalan: Très bon premier match pour Toulalan qui se libère de plus en plus. Peut-être assistons-nous à une prise en main des joueurs que l'on attend depuis 2006. Seules les équipes qui prennent une certaine autonomie vis-à-vis du sélectionneur accèdent au très haut niveau, et après l'échec de 2008 (avant tout imputable aux joueurs, et cette responsabilité collective leur incombe d'abord à eux) on peut peut-être espérer mieux désormais. Dans le match aller on sentait encore plus que d'habitude le potentiel que ce joueur pourrait avoir dans un position de libéro (même si ce n'est pas à la mode).
Diarra: Je n'aime pas qu'on l'appelle Lass, ça fait un peu blaireau, mais bon le joueur est assez énorme. On oublie qu'il est jeune pour jouer dans cette position qui demande beaucoup d'expérience. Diarra travaille énormément, il bouge, il développe le fond de jeu de l'équipe de France (en association avec Gourcuff) et est capable de garder le ballon au coeur du milieu de terrain grâce à sa grande technique. Il s'agit d'un très grand joueur.
Sagna: Plus en vue dans le second match il a été tout de même assez décevant. Plutôt technique, physique, dynamique, il fait tout plutôt bien mais n'apporte pas plus. C'est comme ça, il faudrait sans doute une autre animation collective pour qu'il s'y retrouve vraiment.
Evra: Nous avons en France les meilleurs latéraux du monde. Mais ils sont soit trop défensif en attaque, soit trop offensifs en défense. J'en conclue toujours qu'il faut les positionner dans leur couloir, à faire l'essuie-glace, entre milieu projetés vers l'avant et replacement défensif. Evra l'a bien montré face à la Lituanie qui ne proposait pas vraiment une grande adversité. De bons matchs, sans aucune leçon à retenir si ce n'est une confirmation du diagnostic. précédent
Gallas: On retrouve un peu Gallas, avec Arsenal d'abord, et donc fort logiquement avec l'edf. Il est à nouveau le chef de la défense et pourtant il était sur un strapontin, beaucoup plus qu'on pourrait le croire.
Squilacci: La défense est en perpétuelle construction. On peut faire grise mine ou remarquer qu'une grande équipe se construit jusqu'en finale de coupe du monde. On le sait depuis 98, qui a étonné les "experts" alors qu'on a rarement vu une équipe dominer autant une compétition internationale dans le foot moderne (il y a eu l'Espagne en 2008 mais c'est tout en fait et ce n'était pas une coupe du monde). Il s'agit donc d'une bonne nouvelle. Domenech avait inventer une défense en 2006, une défense que personne n'a réussi à refaire, y compris lui-même. Squilacci est très bon et pourrait participer à une nouvelle réinvention, je préfererais Toulalan en libéro, Mexes et Abidal autour de lui, derrière Diarra et avec des latéraux supersoniques qui savent redescendre.
Mandanda: Pas grand chose à dire. Matchs piège pour un gardien par excellence, on s'est rappelé notamment de la période 98-2000 quand l'équipe de France dominait le monde (une équipe qui n'était plus en construction, donc en déclin) sans jamais à se rassurer. Je pense d'ailleurs que cette période difficile (jusqu'en 2002 avec en point d'orgue une coupe du monde désastreuse, avant 2004 qui n'avait pas été rattrapé par au plus haut de son niveau, ce qui démontrerait que Domenech n'était pas que spectateur en 2006) a été très perturbante et dont on voit encore les méfaits. Mandanda n'a donc pas eu l'occasion de montrer grand chose, même si je ne connais pas encore le score final.
Domenech: Toujours sur la même ligne, qu'on peut discuter. On ne peut en revanche pas dire qu'il est inconstant, qu'il cherche sa voie (comme le disait Leboeuf qui voudrait le destituer par sondage en oubliant qu'en suivant la logique du referendum il aurait été exécuté avant de pouvoir donner son avis que seuls ses amis lui demandent). On comprend ses choix, on comprend ou il va, on comprend ce qu'il veut faire, on comprend ce qu'il dit. Aucune surprise autour de Domenech donc, et on aurait préféré qu'il remette à leur place quelques journalistes qui n'ont toujours pas compris qu'ils fatiguaient tout le monde (de manière de plus en plus consciente, et je ne serais pas étonné que les journalistes sportifs, comme leurs confrères, commencent à se recevoir quelques coups de leur public -je n'en fais pas partie, et j'appelle mes lecteurs à la paix et à la raison en considérant les journalistes pour ce qu'ils sont- d'ici à ce que le journalisme soit réellement réformé).

Tous avec Di Méco !

Eric Di Méco, ancien joueur de l'Olympique de Marseille et de l'équipe de France à la fin des années 80 et au début des années 90 propose aujourd'hui à la ligue française de football d'attribuer le titre de champion de France de 1993, jamais attribué, à son ancienne équipe après plus de dix ans de retard.
Pour rappel l'Olympique de Marseille avait alors été déclassée après des accusations de corruption lors de l'affaire, célèbre, dite "OM-VA". Eric Di Méco propose plusieurs analyses de la situation et quelques éléments d'argumentation intéressants pour appuyer sa requête. Ainsi il argue que les faits n'étaient pas juridiquement avérés lors de la condamnation sportive, que la tentative de corruption finalement avérée a échoué et que le sportif ne peut être remis en cause et enfin que les joueurs, en tant que sportifs, n'ont rien à voir avec ces considérations juridico-financières. On sent bien chez le joueur une douleur difficile à supporter.

Pour autant je vais ajouter ma voix à celle de ses nombreux détracteurs avant de déboucher sur une conclusion logique et qui respecte les différents partis en présence.
Tout d'abord il n'est pas question de rejuger les faits: le club de Marseille a ainsi été déclaré coupable et d'ailleurs ne se défend plus de cette culpabilité passée. Ainsi il n'est pas question de savoir si les instances sportives de l'époque, pour des raisons morales légitimes et légitimées, avaient ou non raison d'anticiper une décision de justice. La sincérité et l'honnêteté d'un homme se juge non pas sur sa faculté à jouer avec l'administration judiciaire suivant la maxime "pas vu, pas pris", confondant ainsi justice et légalité, mais à sa compréhension de la place de l'autre et du processus qui fait convenablement exister chacun. La maladresse de ne pas soutenir explicitement et avec énergie, malgré la douleur, le processus juridique et moral d'alors force un peu la suspicion (la critique honnête du système est au minimum réformiste et peut aller jusqu'à la Révolution, l'action d'Eric Di Méco ne s'entend pas dans ce type d'engagement, hélas ou heureusement).
Au niveau de la peine il semble que le déclassement soit un moindre mal et la première sanction possible. Que celle-ci ait été accompagnée d'amendes, de rétrogradation et d'exclusion temporaire à des compétitions pourrait peut-être être discuté (à mon avis pas bien longtemps), le déclassement est inévitable. L'attribution d'un titre à un autre club pourrait être envisagé mais l'inscription d'une année vierge dans les palmarès est un symbole clair et juste qui rappelle l'irrégularité de la compétition d'alors. Si l'OM ne peut pas récupérer un titre, pour des raisons morales ou d'équité, il n'est pas injuste que le titre ne soit pas du tout attribué: le système de la concurrence ayant été irrégulier la désignation du meilleur est déclarée indécidable. Cette représentation de ce qu'est le sport semble canonique (il pourrait y en avoir d'autres, peu importe).
Il reste le problème des sportifs eux-même et de la douleur éprouvée. On peut remarquer que personne, en dehors de la personne morale du club (qui hélas compte parmi elle des personnes innocentes), n'a eu à souffrir des décisions de justice d'alors. On ne peut pas, ce ne serait pas juste, renvoyer Eric Di Méco sous prétexte que son raisonnement ne soit pas logique. Il n'est pas normal de ne pas l'entendre puisqu'il souffre, puisqu'il est victime plutôt que coupable. La justice propose à ce titre de nombreux avantages. En prenant un peu de distance il me semble évident que la seule possibilité pour lui de retrouver une dignité, d'être indemnisé à la hauteur de ce qu'il a été lésé c'est de porter plainte contre les coupables des malhonnêtetés dont à l'évidence il a été la victime. On ne peut hélas pas effacer la malhonnêteté de certains sous prétexte que des gens honnêtes en souffrent les conséquences, les faits sont tenaces et guère compréhensifs, la seule chose que nous avons trouvé c'est un processus judiciaire avec des imperfections et d'innombrables améliorations possibles. Encore faut-il s'engager sur cette voie et peut-être est-ce un peu tard.

Les responsables sont connus et désignés, les réparations sont possibles, qu'a donc attendu Eric Di Méco et pourquoi s'en prend-il aux seules instances capables de le soutenir ? Aidons-le à entreprendre les bonnes actions quand, victime malheureuse, il ne peut prendre la distance nécessaire.

Laure Manaudou et la première place


Je ne suis pas encore revenu sur les JO de Pékin. De nombreux phénomènes s'y sont déroulés et j'ai dans la tête (en fait j'ai même écris plein d'articles sérieux sur le sujet mais ils ne me paraissent pas satisfaisants) une analyse plus ou moins complète sur ce qui s'est passé de fondamental.
L'un des évènements les plus intéressants, pour moi, s'est déroulé autour de Laure Manaudou et de ses victoires manquées.

Tout d'abord, personnellement, son histoire me touche un peu. Notamment autour de ces photos mises sur internet. Je ne trouve pas que l'image de Laure Manaudou soit abîmée (elle est nue mais comme beaucoup de gens, au moins quand ils changent de slip), et il me semble que cela montrerait même une certaine joie de vivre, soyons francs. De plus la médiatisation du corps ne change pas grand chose au caractère (plus ou moins) magique du passage d'une relation publique à une relation intime. Mais il s'agit finalement d'une histoire de confiance trahie, comme pour toutes les autres histoires qui gravitent autour de sa médiatisation (méritée ? aucune médiatisation ne sera plus méritée une fois démystifié le pouvoir de l'image... il n'y a que les vieux pour y croire encore).
Mais le plus important c'est que je ne vois pas bien la contre-performance. Si de son côté elle peut exiger plus d'elle-même, le "Travailler plus pour gagner plus" ne peut (toujours) pas s'appliquer comme programme politique. Et on sent bien que tous les jugements médiatiques ou particuliers se basent plus ou moins sur cette idéologie, comme si la jolie nageuse avait détourné des moyens que la société avait investis. Mais l'investissement dans l'innovation, l'art ou le sport ne peut pas se calculer au regard d'un résultat quantitatif et c'est bien là que réside le fondement des crises encore à venir de l'ère industrielle.

Petit à petit on sent que les USA sont prêts à basculer du calcul du nombre de médailles d'or à celui des médailles en général. Mais lorsque toutes les médailles seront elles aussi trustées par la Chine ou d'autres pays en pleine révolution industrielle ou par la Jamaïque ou d'autres pays proposant un développement de niche sur certaines disciplines, ou faudra-t-il regarder ?
Je pense que si la compétition n'est pas un mal en soi il va s'avérer très vite que d'autres valeurs existent aussi dans le sport, que le spectacle est général, que sa qualité passe par une mise en scène de qualité et non une simple flatterie de l'ego, que la Nation n'y est d'ailleurs déjà plus pertinente.
Ainsi je ne suis pas d'accord avec Marielle Goitschel qui voit une certaine trahison chez les entraîneurs français partis préparer les escrimeurs chinois. Car la question n'est plus de savoir si on est le meilleur parmi des mauvais mais de savoir si on est bon. Il s'agit d'augmenter le niveau général de la performance quand bien même le spectateur, de manière générale le client devenu usager, ne saurait plus à l'avance qui serait le meilleur.

Dans la société du spectacle lorsque le consommateur est un usager d'un service, la place de n°1 n'a plus d'intérêt et l'excellence n'est plus quantitative. L'investissement de la société ou le mécénat privé n'offre plus une quelconque propriété sur la production, immatérielle, mais une condition de la sérendipité.

Playstation 2: le système Sammer

J'ai été un peu rapide sur le poste de pseudo-libero. En effet j'ai été assez perturbé par le fait que seuls Squilacci et Abidal pouvaient apparaître comme des spécialistes sur ce poste, encore que... La réalité c'est que je suis sans doute un peu formaté moi-même par les habitudes françaises sur ce poste.
Celui qui fait figure, pour moi, d'étalon en la matière c'est Mathias Sammer. Il était au-dessus du lot aussi bien défensivement, offensivement que dans la dynamique du jeu. En 96 il éclaboussa l'euro de toute sa classe avec un sens tactique indiscutable et une sorte de transcendance tranquille qui lui permettait de déséquilibrer l'équipe adverse sans déséquilibrer la sienne. Evidemment il était entouré de défenseurs allemands très solides dont les placements rigoureux lui permettait ces prises de responsabilité. A Dormund Sammer était très bon mais moins impressionnant. Positionné dans un rôle  peut-être plus classique il brillait plus par son sens du placement que par les fulgurances taclées habituelles de son compère Kohler par exemple. En fait il faut reconnaître chez Sammer son côté milieu de terrain qui était, à mon sens, sa véritable valeur ajoutée, à la manière, inversée, de Desailly à Milan à la même époque, défenseur-bloqueur positionné au milieu de terrain, qui préfigure le poste qui sera véritablement institutionnalisé par Vieira par la suite.
C'est ainsi que je persiste à penser (en fait j'en viens même à considérer cela comme conviction mystique) que Toulalan devrait être situé en défense centrale. Titulaire ? Je ne sais pas, il faudrait voir ce que ça donne bien sûr, mais l'idée est vraiment charmante au regard du potentiel auquel ce genre de décision stratégique peut aboutir. Ainsi je pense que Squilacci pourrait toujours faire partie de ce système et je peux lui adjoindre en troisième choix un Pédretti qui continue de faire un travail individuel plus intéressant qu'il n'y parait au regard de toute métrique et pourrait aussi correspondre au jeu de Toulalan une fois situé dans ce même positionnement de défenseur central.
Je me suis inquiété un temps au sujet de problématiques de mensuration que pourraient éventuellement rencontrer ces milieux de terrain en songeant aux gabarits modernes des défenseurs centraux. Je n'ai aucune idée des performances physiques pures d'un tel ou d'un tel (vitesse, endurance, détente sèche, démarrage) mais voici les différents chiffres que j'ai trouvés sur le net sur les différents gabarits des joueurs cités:
Sammer: 1m80 - 75kg
Squilacci: 1m83 - 79kg
Toulalan: 1m83 - 77kg
Pédretti: 1m77 - 69kg

La technique de Toulalan et Pédretti (quand même plus petit et plus léger), et particulièrement au niveau de la passe, me semble être vraiment un plus pour pouvoir amener, mais le faire tout le temps serait une erreur, un peu de longueur au jeu et proposer une solution en cas de pressing adverse trop bien mené. Je suis aussi persuadé que ces deux joueurs seraient particulièrement efficaces, et rapidement, pour s'adapter à ce genre de nouveau positionnement un peu mathématique. Cela participerait enfin à une volonté de rendre le jeu de l'edf plus offensif. Mais qu'en serait-il face à des équipes jouant un jeu direct et long sur des attaquants puissants ? C'est évidemment une vague question de joueur de nintendo parce que dans la réalité je ne suis pas vraiment sûr que cette défense (le "système Sammer") pourrait coexister avec mon idée d'orientation pour tout le reste de l'équipe. Mais enfin c'est de l'ordre du fantasme hein et je me dis que je reessaierai peut-être un de ces jeux sur PC sur lequel on est sélectionneur.

Playstation en Equipe de France

Voilà ma sélection version jeu vidéo pour l'équipe de France. Comme je ne suis pas journaliste je n'ai pas trop de responsabilité et ne suis pas obligé de réfléchir trop à ce que je dis. Pourquoi ? Parce que je n'ai pas le temps. Je pense sincèrement que le travail doit s'articuler autrement, que nous devrions cumuler plusieurs rôles dans la société et que tous devraient être reconnus.
Tout ça pour prévenir que je m'autorise ce que je n'accepte pas de la part d'un professionnel que je paye plus ou moins directement : parce que son rôle, dans le service, c'est de servir. Maintenant si on me reconnait les mêmes responsabilités c'est forcément qu'on me donne les moyens de les prendre en charge.
Orientation + contrôle + volume de jeu
Diarra
Nasri
Cheyrou
Dacourt
Le patron de l'équipe, l'élément stabilisateur de la défense et le socle de l'animation offensive, c'est le milieu défensif. Même si ce rôle est guère reconnu il est prépondérant. De nombreuses équipes séparent le poste en deux: un côté ratisseur très actif et dynamique et un côté stratégique plus posé, plus technique (Gattuso-Pirlo par exemple). En France on a eu de grands milieux (Makelele, Deschamps...) capables d'être performants sur ces deux niveaux. Aujourd'hui Lassana Diarra semble être le plus apte à cette place avec une technique individuelle impressionnante lui permettant de pouvoir jouer malgré le pressing adverse et un jeu court avec du sang-froid pour orienter le jeu plus que pour l'accélérer. Toulalan, bien quoté en ce moment, ne correspond pas trop à cette logique, tout d'abord par son profil offensif et son jeu plus long mais surtout à cause de son manque d'adaptation aux tactiques adverses (contre MU par exemple son jeu paraissait presque scolaire) malgré un gros volume de jeu.
Nasri pourrait sans doute convenir aussi à ce poste grâce à un bon sens tactique et lui aussi une grande technique individuelle. Il est possible en revanche qu'il n'y trouve pas son compte, habitué à des positionnements plus offensifs sur lesquels son manque de vivacité et son grand respect des consignes l'empèchent (pour l'instant au moins) d'avoir un niveau international.
Benoit Cheyrou peut aussi rentrer dans ce type de positionnement, en apportant un pied gauche qui peut aussi être intéressant si tous les autres joueurs axiaux sont droitiers.

Puissance + technique + volume de jeu
Vieira
Daby
Bodmer
Diarra
Faty
La couverture défensive tactique étant couverte par un seul joueur la France a pris l'habitude d'adjoindre un autre joueur plutôt axial avec Viera pour apporter de l'impact. Aligné avec un milieu défensif classique on se souvient de prises de risque offensives rédibitoires au niveau international ainsi que la création de quelques espaces ou un engagement trop dur générant de nombreuses fautes. Le positionnement un peu plus haut a permis en revanche Vieira de diriger le jeu vers l'avant et de resserrer le bloc-équipe. Pour pouvoir prolonger cet impact physique au milieu de terrain (ce qui permet de ne pas subir le pressing, voire de le retourner) de bonnes qualités techniques doivent premettre la conservation du ballon.
Daby correspond bien à ce profil, Faty, encore jeune, sans doute aussi. Diarra semble un peu moins doué techniquement à l'inverse de Bodmer qui ne garde pas forcément la pression en l'évacuant (un peu comme Toulalan mais moins quand même) par un jeu plus situé dans l'orientation et l'ouverture avec un jeu plus long.

Animation + technique + volume de jeu
Gourcuff
Cheyrou?
Bodmer?
On a pu voir dernièrement que l'animation axiale et le pressing doivent être pris en charge par un joueur. En son absence le jeu moderne adverse se déploie facilement à partir du milieu défensif. Gourcuff a montré beaucoup de qualités dernièrement, mais il pourrait manquer d'expérience.
Bruno Cheyrou ne semble plus trop pouvoir atteindre le niveau international, ni Meriem. Quant au jeu de Ribéry il est ailleurs.

Accélération + élimination + volume de jeu
Ribéry
Benarfa
Valbuena?
Menez?
Govou?
On ne peut se passer de la force de frappe que représente Ribéry. Très rapide, vif, capable d'éliminer son adversaire direct mais aussi très mobile pour générer du pressing, on peut l'associer à un 10 plus classique en position de 9.5. On se retrouve avec une équipe assez axiale avec de nombreux joueurs évoluant plutôt au milieu de terrain mais d'une part cela peut entraîner un jeu très offensif, d'autre part cela densifie le bloc-équipe tout en donnant des solutions offensives diversifiées. En 96 le couple Zidane-Djorkaeff fonctionnait parfaitement et cette association est restée très performante en 98.
Si Benarfa reste souvent la tête dans le guidon, et le ballon au pied, sa capacité à tenir le ballon haut pourrait aussi être intéressante dans cette position offensive. Il est également capable d'avoir un volume de jeu important même si ce dernier n'est pas forcément très structuré. D'autant plus que le nez dans les pieds il se retrouve souvent esseulé à devoir jouer derrière lui. Si un 10 se positionne convenablement le détour se transforme en rebondissement bien venu.

Puissance + contrôle + positionnement
Anelka
Benzema
Henry
Je ne suis pas persuadé que dans le foot moderne un joueur planté dos au but haut sur la ligne des défenseurs soit la meilleur solution pour prendre en faute des défenses internationales. La puissance de démarrage, la capacité de contrôler le ballon dans les pieds pour prendre un interval vers l'avant me semble plus intéressante. Anelka et Benzema sont tout à fait dans ce registre en créant des solutions originales et tactiquement compliquées pour une défense avec un positionnement pas toujours au plus haut et avec de grandes qualités pour faire jouer leurs partenaires autour d'eux. Ils marquent aussi de nombreux buts tout en participant au jeu.
Anelka est aujourd'hui un joueur très impressionnant et propose une adaptabilité impressionnante.

Cela nous donne 5 positionnements plutôt axiaux et il est obligatoire d'y adjoindre 2 latéraux au minimum. Si le jeu est porté dans l'axe il est nécessaire de créer de l'espace sur les côtés. Aligner des joueurs très haut écarterait les défenses mais ne créerait pas vraiment de décalage tout en proposant à l'adversaire un bel espace pour construire son attaque. A l'inverse des joueurs trop bas en défense seraient trop souvent accaparés par du pressing sans trouver plus de solution que ça dans la relance, provoquant du jeu long quasiment obligatoirement. Les combinaisons latérales entre 2 joueurs sont intéressantes mais cela pose le problème de la création de l'espace pour la relance avec des joueurs qui sont déjà rapprochés par ailleurs sans solutionner grand'chose face à des équipes comme la Russie.
Ragardons un peu les joueurs latéraux à notre disposition, en particulier à gauche o `u des reproches se sont abattus sur des joueurs pourtant de très grande qualité: Evra, jugé trop offensif, Malouda, jugé trop défensif. Outre que ces problèmes de positionnements peuvent démontrer qu'un problème tactique plus profond doit se trouver quelque part, il me semble qu'utiliser leurs qualités physiques et leur sens du replacement serait mieux vu qu'aligner des joueurs comme Clichy (très bon) au jeu un peu moins léché tout en étant plus classique. Comme à droite on pourrait aussi reprocher à Clerc d'être trop offensif pour les mêmes raisons l'idée de positionner des latéraux uniques faisant l'essui-glace me semble raisonnable, Sagna pouvant apporter beaucoup offensivement lui aussi. Pour le reste Pires pourrait peut-être enfin servir à quelque chose et revenir puisqu'il n'est pas capable de conserver le ballon haut ni de trop voir venir en défense, ses qualités dynamiques peuvent servir ainsi que sa constance à courir tout droit (le long de la touche, quand il est dans l'axe il se trompe parfois et court le long de la moitié de terrain jusqu'en touche). Le seul problème avec ce système de jeu c'est d'avoir les joueurs capables de faire ce genre d'effort, c'est exactement ce dont la France dispose.

Offensif + replacement + rapide + gaucher
Evra
Malouda
Clichy

Offensif + replacement + rapide + droitier
Clerc
Sagna
Pires
Bonnard?
Faubert?

Ca nous entraîne directement vers une défense à 3. La défense de l'équipe de France n'est pourtant pas terrible à 4 alors à 3 on pourrait se demander... Il est vrai que si on aligne Sylvestre, Gallas et Boumsong on peut être sûr que ça ne peut pas marcher. Heureusement on se retrouve justement avec quantité de défenseurs polyvalents tout à fait bienvenus pour une défense à 3. Domenech avait inventé la défense à 3 à 4 en 2006, cette difficile dynamique défensive avec des dédoublements originaux s'est vite perdue avec la baisse de performance des joueurs, en particulier de Sagnol (couvert par un Thuram renaissant en coupe d'Europe mais taulier d'un système en échec donc hélas non retenu contre l'Italie) et de Gallas (empéchant Abidal de jouer, et tirant Malouda vers l'arrière). Ces difficultés n'ont pas cesser de s'accentuer avec la disparition de la densité du milieu de terrain en l'absence de Vieira numériquement remplacé par un Toulalan courageux mais inadaptable obligeant une couverture disproportionnée (et Malouda de se recentrer, souvenons-nous aussi que Malouda a fait partie des seuls, avec Makelele, à se rebeller en coupe d'Europe et a été pas mal en vue contre les pays-bas). C'est le système défensif au milieu qui permet aux défenseurs de pouvoir couvrir uniquement les espaces derrière le milieu de terrain sans rentrer eux-même dans celui-ci.
Mais ce positionnement trop rigoureux de Toulalan et ses grandes qualités de relance ne pourraient-elles pas servir en défense centrale justement, dans une sorte de position de libéro ? Car à part Squilacci je ne vois pas bien qui pourrait prendre cette position si ce n'est lui (Lyon essaye de mettre Bodmer, ne voyant toujours pas leurs problèmes collectifs, mais c'est le problème du foot français en général, encore situé dans les années 1995-2005).

Axial + gauche
Abidal
Escude
Bréchet

Axial + droite
Mexes
Gallas
Boumsong?

Axial + libero
Squilacci
Toulalan
Pédretti


Je suis certain que ce système à 3 défenseurs peut être rapidement maîtrisé si ce choix est totalement assumé très vite pour longtemps (longtemps au foot c'est 2 ans), que Domenech est performant dans ce système et enfin que cela correspond au second versant de la schysophrénie stratégique française qui aime depuis toujours à la fois la froide efficacité italienne et la construction esthétique russe (rejetant toujours le pragmatisme écervelé anglais et la technique emphatique brésilienne), convenant ainsi aux exigeances de spectacle. Après il s'agit un peu d'innovation et l'ambiance actuelle, en France, est bien loin de ce genre d'approche puisque dans le foot comme ailleurs on recherche le mieux dans le passé, comme si le monde n'avait pas changé.
L'euro 2008 n'était pas vraiment la prime à l'offensive, ni même à la conservation du ballon. Il s'agirait de constater que les meilleurs équipes étaient celles qui ont réussi à intégrer la formidable explosion tactique du foot actuel. On peut le constater aussi avec l'Argentine, championne olympique, qui annonçait déjà la couleur en 2006 et dont la chute, au détour d'un coaching hasardeux mais précurseur (le changement tactique en cours de match n'est plus tabou), faisait croire au retour à la rusticité entrevu en 2004 et mettait même en valeur cette qualité chez les deux finalistes qui avaient parfois innové auparavant (dédoublements défensifs, impact, traction arrière, jeu en triangle, jeu dans les pieds, coaching, trou axial... avec mon jargon à moi).

On peut changer d'entraîneur aussi. Ca fait longtemps qu'on n'a pas vu Deschamps, serait-il capable de relever le défi tactique (on a vu au long de la carrière de Domenech qu'il pouvait avoir de l'imagination) ? Moi j'aime bien Deschamps mais je n'ai absolument aucune idée de ce qu'il pourrait apporter. Aucun entraîneur ne peut ramener de joueur en edf. Est-ce que Blanc est capable de proposer autre chose que Bordeaux (je n'ai pas vu le match de C1, mais je me rappelle des matchs en UEFA: les bordelais jouaient très mal, le désordre en soi ce n'est pas mal mais l'absence d'organisation l'est bel et bien) ? Leguen a un beau défi avec le PSG en ce moment, Wenger ne semble pas vouloir partir d'Arsenal, Tigana est loin (dommage). On aimerait voir Cantonna, c'est sûr, mais quel est son niveau ? Domenech est bon, on le sait. L'équipe de France n'est pas terrible, on le sait. Il est possible que Domenech ne soit pas bon pour l'équipe de France. Il y a Bergeroo aussi mais ça ne calmerait aucun spectateur. Parce que c'est bien de cela dont il s'agit: calmer les spectateurs, pas vraiment de chercher à entraîner une équipe de France (c'est le biais cognitif habituel qui fait croire que le profit est l'objectif majeur alors qu'il n'est qu'un résultat, l'objectif est le projet). D'ailleurs sur les play-stations les équipes s'entraînent toutes seules. Domenech a raison de trouver que ce serait génial si dans la réalité ça se passait comme dans un jeu vidéo.
Mettons Sarkozy ou le même en sportif: Laporte. Voilà des gars qui savent dire que c'est de la faute des autres, y compris des supporters, qui tapent sur l'épaule des journalistes tout en les humiliant (ils aiment ça faut croire), qui font du foin avec tout mais de préférance avec l'obscène, poussent des coups de gueules et font montre d'une autorité tonitruante en ayant pris soin de dégager les joueurs qui commençaient à prendre les commandes de leur équipe. Voilà des gars qui ne font que parler d'objectifs sans jamais regarder s'ils ont été suivis. Ben voilà, on l'a le profil du sélectionneur que tout le monde aimerait voir. Il faut contacter Jean-Pascal aussi pour faire le capitaine même s'il n'est pas footballeur, Moscato et Cauet en adjoints, Virenque pour la médecine, Lagaffe pour la préparation physique, et puis on met Saint-Dany-Boon à la fédé parce que avec Bienvenue chez les ch'tis il a quand même su démontré des qualités indéniables de politiquement correct franchouillard. Ah ben voilà la belle ambiance cassoulet qu'on aurait (j'dis pas ça parce que je suis toulousain, j'adore le cassoulet d'ailleurs) ! La stabilité dans la médiocrité, le non-jeu laborieux qu'on aurait sur le terrain. Les joueurs bodybuildés par de formidables préparations sportives courirraient partout, mouillant le maillot pour faire plaisir au public. Ah lalala ce serait beau de voir le ballon aller et venir n'importe comment comme on voyait dans le championnat anglais avant que les étrangers n'arrivent.
Alors on parle de Société du Spectacle mais là je ne suis pas d'accord: le spectacle ne se limite pas à Guignol.

Boycott des JO de Pékin ?

Faut-il boycotter télévisuellement les JO de Pékin ?
Je me pose cette question parce que j'aime bien regarder le sport à la télévision. Pas forcément tous les sports, je n'aime pas le judo de compétition par exemple parce qu'il met en exergue les comportements non fair-play, mais j'en aime beaucoup et les JO représentent donc pour moi une densité d'occasions de passer de bons moments assez exceptionnelle. Enfin il ne s'agit que de potentialité de me retrouver devant la télé parce que des plaisirs il y en a plein et la télévision n'est pas forcément le plus grand.
Il y a quatre ans je n'ai pas particulièrement suivi les compétitions. J'avais bien aimé le marathon féminin, l'image de cette femme d'apparence si fragile, courant seule sur de grands axes routiers complètement vides dans un paysage urbain baigné d'un soleil de fin d'après-midi. C'est l'image que je retiens: une image télévisuelle donc.

Les JO sont cette année à Pékin, dans une Chine en pleine révolution industrielle (notre président français se croit lui aussi en pleine révolution industrielle mais justement il est déconnecté de la réalité), avec des problématiques de cohésion interne lourdes. Cette révolution industrielle n'excuse pas la dictature, la propagande, les entreprises coloniales (et en France l'abandon de toute idée de démocratie, l'industrialisation médiatique, les programmes de fermeture du web qui ne sont pas de la même mesure ne sont pas non plus défendables pour autant).
En l'occurrence les JO ne sont pas liés à ce phénomène, pas directement, nous y reviendront. Mais il n'est pas question non plus de passer sur les critiques non plus, de considérer que les JO sont déconnectés du monde sur ce principe "apolitique" tellement pratique qu'il est répété sans cesse. Ainsi je suis plus convaincu par l'argument de Marielle Goetschel qui souligne notre consommation de produits chinois en notant que regarder un autre programme que les JO sur un téléviseur chinois n'est pas politiquement très cohérent si les critères d'un boycott se construisaient vraiment par rapport au gouvernement chinois.

J'ai personnellement une autre opinion. Je pense que les JO représentent avant tout un évènement politique malgré toutes les déclarations d'hommes politiques qui disent le contraire et qui utilisent tous les moyens en leur possession pour le faire croire. Les JO modernes représentent un vrai programme politique internationnal en proposant le culte de la performance, le refus de toute prise de distance sur les moyens utilisés une fois les objectifs fixés, l'invention d'une existence qui serait basée sur la domination plutôt que sur la collaboration (la compétition n'est plus en cause).
Il n'est d'ailleurs plus vraiment question de sport:il faut des stars, c'est un capital comme les stars du cinéma qui sont "bankable" (il ne suffit pas qu'ils soient une garantie de revenus, ils sont explicitement une garantie déposée à la banque). C'est une mise en valeur de l'alliénation habituelle dans le monde du travail et Romain Mesnil s'octroie la moralité non plus en utilisant sa propre raison mais en suivant les règles, les objectifs qu'on lui donne et qu'il a assimilés, en ne se préoccupant que des consignes sociales qui le concernent.
Il faut donc des performances et on l'a vu avec le tennis, le football, le cyclisme cette année: ce qui compte ce n'est pas la population sportive, le haut-niveau n'a pas d'intérêt: ce qui compte c'est qui est n°1 sur la feuille de résultat. Ce n'est pas nouveau.

Boycotter la Chine ? Tous les arguments donnés par les partisans de cette voie sont très bons mais aujourd'hui sans trop savoir pourquoi je n'y adhère pas. Ainsi les manifestations en Europe sont des réactions aux gouvernements européens et ce sont bien ceux-ci qui se sont sentis mis en cause en convoquant leurs propres forces de l'ordre. En Allemagne, aux USA, les dirigeants se sont retrouvés dans l'obligation de faire des déclarations publiques assez militantes, de refuser la soumission à la Chine. En France en revanche l'idée de boycott fait son chemin dans la population pendant que ses "représentants politiques" minaudent, faisant mine de pragmatisme mais préférant finalement l'échec diplomatique assuré plutôt qu'un petit courage et un gros travail stratégique.
Finalement notre Sarkozy qu'on a assume tout à fait la politique chinoise, considérant d'ailleurs toute colonisation comme valorisante, l'industrie comme l'unique modèle valable, dans des reprsentations du monde datant du 19è siècle. Si boycott diplomatique il y a il ne peut se concevoir que comme une réaction à la politique européenne voire à la politique française tout simplement. Je pense néanmoins à ce sujet que supporter publiquement tous les adversaires des sportifs français auraient bien plus de poids. Ce serait sans doute un peu cruel pour ces derniers mais aussi très pédagogique, ce serait aussi à l'opposé du politiquement correct et nécessiterait beaucoup de courage, beaucoup d'effort de communication pour sortir des positions d'affrontement prédéfinies par les médias.

Le boycott des JO en général me semble beaucoup plus cohérent. Pékin a été choisi sur des critères principalement politiques, le spectacle s'explique avant tout par des objectifs mercantiles et le sport se conçoit comme un spectacle de la professionnalisation ici comme ailleurs. L'appellation est d'ailleurs incorrecte puisqu'il s'agit de tout sauf de jeu, désormais l'olympisme c'est très grave, convoque l'ascétisme, le sacrifice... et tout un tas de choses plus catholiques que cathodiques.
Personnellement je prends, peut-être temporairement, la décision dun non-boycott pour vérifier si comme promis, comme vendu, le specacle est bien au rendez-vous, si l'alliénation fait les héros, si la mise en scène vaut le coup de participer. Parce qu'un boycott ne se conçoit qu'en vue de proposer la communication d'objectifs autres que ceux qui nous sont imposés. La société du spectacle n'est pas à remettre en qestion puisque nous y sommes, il n'est plus question de dire que c'est un mal il nest plus question de dire non plus qu'il s'agit d'un daignostic erronné de réactionnaires: la société du spectacle nous l'avons voulue, nous l'avons. Il n'est pas question d'en conclure la fin de la Civilisation mais plutôt le début d'une évolution lente. Les JO sont bien en Chine en 2008, seront demain en Grande-Bretagne, plus tard au Brésil, au Canada, en Afrique du Sud sans doute mais pourquoi pas aussi en Arabie-Saoudite ou au Qatar, en Iran, au Maroc ou au Nigéria... boycott ou pas boycott il y aurait sans doute beaucoup de choses positives à y trouver.

Le citoyen est transformé en consommateur par les grandes entreprises (JO compris) ? Je pense que celles-ci n'y trouveront pas forcément leur compte et l'alliénation, par le sport ou par autre chose, ne pourra pas fonctionner, notamment parce qu'aucune société ne peut y survivre. De consommateur à usager je vais donc regarder s'il y a quelque chose à penser de tout ça.