Tous avec Di Méco !

Eric Di Méco, ancien joueur de l'Olympique de Marseille et de l'équipe de France à la fin des années 80 et au début des années 90 propose aujourd'hui à la ligue française de football d'attribuer le titre de champion de France de 1993, jamais attribué, à son ancienne équipe après plus de dix ans de retard.
Pour rappel l'Olympique de Marseille avait alors été déclassée après des accusations de corruption lors de l'affaire, célèbre, dite "OM-VA". Eric Di Méco propose plusieurs analyses de la situation et quelques éléments d'argumentation intéressants pour appuyer sa requête. Ainsi il argue que les faits n'étaient pas juridiquement avérés lors de la condamnation sportive, que la tentative de corruption finalement avérée a échoué et que le sportif ne peut être remis en cause et enfin que les joueurs, en tant que sportifs, n'ont rien à voir avec ces considérations juridico-financières. On sent bien chez le joueur une douleur difficile à supporter.

Pour autant je vais ajouter ma voix à celle de ses nombreux détracteurs avant de déboucher sur une conclusion logique et qui respecte les différents partis en présence.
Tout d'abord il n'est pas question de rejuger les faits: le club de Marseille a ainsi été déclaré coupable et d'ailleurs ne se défend plus de cette culpabilité passée. Ainsi il n'est pas question de savoir si les instances sportives de l'époque, pour des raisons morales légitimes et légitimées, avaient ou non raison d'anticiper une décision de justice. La sincérité et l'honnêteté d'un homme se juge non pas sur sa faculté à jouer avec l'administration judiciaire suivant la maxime "pas vu, pas pris", confondant ainsi justice et légalité, mais à sa compréhension de la place de l'autre et du processus qui fait convenablement exister chacun. La maladresse de ne pas soutenir explicitement et avec énergie, malgré la douleur, le processus juridique et moral d'alors force un peu la suspicion (la critique honnête du système est au minimum réformiste et peut aller jusqu'à la Révolution, l'action d'Eric Di Méco ne s'entend pas dans ce type d'engagement, hélas ou heureusement).
Au niveau de la peine il semble que le déclassement soit un moindre mal et la première sanction possible. Que celle-ci ait été accompagnée d'amendes, de rétrogradation et d'exclusion temporaire à des compétitions pourrait peut-être être discuté (à mon avis pas bien longtemps), le déclassement est inévitable. L'attribution d'un titre à un autre club pourrait être envisagé mais l'inscription d'une année vierge dans les palmarès est un symbole clair et juste qui rappelle l'irrégularité de la compétition d'alors. Si l'OM ne peut pas récupérer un titre, pour des raisons morales ou d'équité, il n'est pas injuste que le titre ne soit pas du tout attribué: le système de la concurrence ayant été irrégulier la désignation du meilleur est déclarée indécidable. Cette représentation de ce qu'est le sport semble canonique (il pourrait y en avoir d'autres, peu importe).
Il reste le problème des sportifs eux-même et de la douleur éprouvée. On peut remarquer que personne, en dehors de la personne morale du club (qui hélas compte parmi elle des personnes innocentes), n'a eu à souffrir des décisions de justice d'alors. On ne peut pas, ce ne serait pas juste, renvoyer Eric Di Méco sous prétexte que son raisonnement ne soit pas logique. Il n'est pas normal de ne pas l'entendre puisqu'il souffre, puisqu'il est victime plutôt que coupable. La justice propose à ce titre de nombreux avantages. En prenant un peu de distance il me semble évident que la seule possibilité pour lui de retrouver une dignité, d'être indemnisé à la hauteur de ce qu'il a été lésé c'est de porter plainte contre les coupables des malhonnêtetés dont à l'évidence il a été la victime. On ne peut hélas pas effacer la malhonnêteté de certains sous prétexte que des gens honnêtes en souffrent les conséquences, les faits sont tenaces et guère compréhensifs, la seule chose que nous avons trouvé c'est un processus judiciaire avec des imperfections et d'innombrables améliorations possibles. Encore faut-il s'engager sur cette voie et peut-être est-ce un peu tard.

Les responsables sont connus et désignés, les réparations sont possibles, qu'a donc attendu Eric Di Méco et pourquoi s'en prend-il aux seules instances capables de le soutenir ? Aidons-le à entreprendre les bonnes actions quand, victime malheureuse, il ne peut prendre la distance nécessaire.

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